Isabell Lorey (Hg.), Roberto Nigro (Hg.), Gerald Raunig (Hg.)
Inventionen 2
Irina Kaldrack, Theo Röhle
Creating Subsets of the Masses
Früher passierte es uns, Strophen von Gedichten, historische Fakten, theoretische Sätze, lateinische Wörter, etc., zu vergessen, Dinge, die man uns in der Schule lernen ließ, weil die früheren Generationen sie für wesentlich gehalten hatten – oder solche, die wir uns aus Lust, aus eigener Neigung angeeignet hatten, die aber nichtsdestoweniger aus unserem Geist zu entfliehen drohten, wenn wir uns nicht anstrengten, sie festzuhalten. Unser Gedächtnis der äußeren Kenntnisse schien verwundbar und von unserem Willen abhängig, unser persönliches Gedächtnis dagegen hatte etwas von einer Festung. Von Zeit zu Zeit wusste man nicht mehr, wer 1952 Ratspräsident oder 1970 Fußball-Weltmeister gewesen war, aber man konnte sich sagen, dass es zumindest ein Ding gab, das man niemals vergäße oder das man, es sei denn durch einen tragischen Unfall, niemals so vergessen würde wie alles Übrige, nämlich unser eigenes Leben.
Jetzt, da wir mit dem Internet über ein gigantisches mnemonisches Hilfsmittel verfügen, das fähig ist, fast...
J.G. Ballard’s self-declared ‘Immodest Proposal’ for a global war-alliance to exact the destruction of America demonstrates the provocatory zeal of his last fiction plans, as well as their enduring prescience. As Ballard emphasises several times in the World Versus America notebooks, he is utterly serious in his concerns and visions.
Although the Ballard estate declined permission for any images of pages from the World Versus America archival notebooks to accompany this essay, any member of the general public interested to do so can readily visit the British Library and view the notebooks in their entirety in the freely-accessible manuscripts collection there.
Psychopathologie de la vie numérique. Une nuit de septembre 2016, je rêve que c’est la rentrée et que je dois donner un cours. Il y a des années que je n’ai pas enseigné. Je suis projeté là, in medias res, dans un établissement de nature indéterminée. Je n’ai absolument rien préparé ; je n’ai avec moi aucun livre, aucun crayon, aucune feuille de papier. Je n’ai jamais su improviser. J’ai longtemps espéré d’en être un jour capable, l’expérience et le temps ayant fait leur œuvre ; cela ne s’est pas produit. Quelquefois, par flemme ou parce que j’avais beaucoup à faire par ailleurs, j’ai repoussé indéfiniment la préparation d’un cours, en songeant alors, eh bien, à Dieu vat, ce sera l’occasion d’improviser – et le résultat n’a pas été heureux. L’épreuve s’annonce donc rude, mais, pour essayer de me rassurer, je l’aborde en jouant avec l’idée que cette fois-ci, enfin...
Etrange extraneus du dehors pas du dedans (intraneus) pas de la maison unheimlich pas du heim pas du foyer de l’autre côté des portes – fores, foreigner pas dans le rythme en trop, odd pas régulier pas ordinaire rare singulier seltsam bizarre besherat vaillant élégant fantasque tordu verschroben de travers surprenant extraordinaire étonnant
C’est étonnant comme nous sommes riches en mots formes façons pour tourner autour de l’étrange étranger de l’ausländer hors du pays pas « pays avec nous » comme on disait jadis en France « c’est un pays à moi » pour dire quelqu’un de mon village de mon coin ma province mon bled
Riches à profusion pour tout ce qui n’est pas proche et propre, approprié, convenant, mitmenschlich ce qui ne fait pas mitdasein
Parce qu’on présuppose que mit avec with est consistant, plein, solide et solidaire et ce qui est without avecsans mitohne avec hors ou hors d’avec la proximité
Mais avec même proche exige...
Il me semble que le mot « avant-garde » a toujours été pour moi une espèce de souvenir. J’ai dû l’entendre autour de 1960, alors que le surréalisme ne se portait déjà plus très bien. Presque en même temps je découvrais Bataille et Artaud, que n’accompagnait aucune étiquette d’avant-garde. Mais c’est l’ensemble du climat de pensée qui se modifiait de manière profonde dans les après-coups de la guerre.
Les avant-gardes – ou du moins ce nom : il ne s’agit que de son usage – ont eu d’emblée pour moi un goût de passé. D’arrière-garde, en somme. Je ne plaisante pas : je pense que le soupçon porté sur la nature militaire de la métaphore était déjà présent dans le contexte où je découvrais le mot. Pourquoi fallait-il que l’art opère comme une armée ? Il y avait un doute. Ce n’était pas tant l’idée de la lutte ou du combat qui était préoccupante...